Bonsoir Alek,
J'ai également perdu un membre de ma famille il y a maintenant presque un mois.
Depuis, je garde aussi au fond de moi cette petite peur de voir partir d'autres êtres qui me sont chers.
Ma meilleure amie Florence a eu un frère handicapé qu'elle n'a jamais connu que par les récits de ses parents. Il était son frère aîné et s'appelait Richard. J'ai toujours entendu sa mère dire qu'il était très beau. Il est décédé à 22 ans je crois. Il n'existe pas de photo de lui et mon amie en conçoit une certaine frustration.
J'ai perdu mon petit frère quand j'avais dix ans. Lui n'avait que deux mois. Il était le dernier de ma fratrie.
Quel que soit l'âge, j'ai l'impression que chaque fois qu'un membre de la famille s'en va, il nous ramène au souvenir d'autres qui sont partis et le "message" que j'en ai perçu est que bien que la durée du passage sur "terre" puisse varier, leur présence à nos côtés est éternelle.
Mon grand'père Roger me suit à chacun de mes pas.
A l'instar de Salmah, je peux affirmer avoir un guide aussi.
Un lien particulier nous lie, il s'agit des mots. Notamment les mots CHIEN et NICHE.
Il s'agit en fait d'un jeu avec les mots.
Un jour il m'a dit "Comment faire rentrer le chien dans sa niche ?".
J'ai cherché à dessiner une niche, mais ce n'était pas cela.
En fait, il fallait juste appliquer le principe des anagrammes. En prenant chaque lettre du mot chien, l'on peut former le mot niche.
Cette petite anecdote pour dire que depuis, quand il m'arrive de broyer du noir, je prends un mot et essaie d'en former un autre par anagramme.
Par là, mon grand'père est toujours près de moi. Et parfois il me semble l'entendre rire.
Je peux réagir disons "violemment" à un décès (pour mon beau-frère, ce fut le cas puisqu'il a été tué sur la route par une jeune femme qui venait d'obtenir son permis et qui roulait à 120 km/h sur une nationale de campagne !). Mais passée la période de colère, je prends du recul et me dis que je peux croiser à nouveau la personne disparue dans ma vie. Et que si cela ne se produit, elle est toujours quelque part où je peux lui adresser mes pensées.
Mon grand'père m'a adressé un mot par le biais de personnes qui "savent parler avec les défunts" (je précise que mon septicisme n'avait d'égal que mon chagrin quand il est parti, c'est dire !). Le mot en question est simple, concis et va droit au but : RIRE.
Chacun de mes rires ou sourires, je lui envoie ainsi qu'à mon frère, mon autre grand'père, mes oncles, mon beau-frère et mes arrières grands'parents. C'est devenu ma manière de cotoyer la mort et de vivre avec cette demie-finalité qui nous attend tous.
Et quand je vois une femme enceinte, je suis heureuse à l'idée de cette petite vie qui va arriver.
Alek, bien que la vie ait aussi de mauvais côtés, elle est un cadeau que tu t'apprêtes à offrir.
Un souffle est précieux et tout ce que tu pourras apporter à ce petit bout d'étincelle, apportes le.
Et si ton enfant est ton frère réincarné, alors vos échanges n'en finiront pas d'être merveilleux.
A mon sens, une chose est sûre, c'est que le mythe des fées au-dessus d'un berceau n'en est pas forcément un. Les âmes qui nous voient dans nos enveloppes aiment à contempler le fruit de notre vie.
Amitiés.